Les petits vagabonds
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Extrait : À votre âge, mes petits lecteurs, on doit sympathiser avec toutes les infortunes ; pour rien au monde, je ne voudrais vous froisser dans vos sentiments de charité, ou vous mettre en garde contre la sensibilité si naturelle de votre cœur d'enfant. C'est pourquoi je vous prie instamment de ne pas juger des malheureux qui vous tendront une main suppliante d'après les êtres indignes d'intérêt qu'à mon grand regret, je viens de vous présenter. Du reste, les enfants qui voudraient que leur pitié ne fût pas surprise quelquefois, devraient se résigner à ne jamais faire l'aumône, ce qui serait triste pour eux et cruel pour les pauvres. Donnez donc votre sou. Si par hasard un doute vous traversait l'esprit, dites-vous qu'il vaut mieux se tromper dix fois que de laisser un seul instant une misère vraie sans être secourue. Encore un mot : parmi les misérables, il en est qui sont jeunes et auxquels l'avenir promet de nombreuses années. À ceux-là, il ne suffit pas de donner votre sou ; il faut encore les aider à sortir de la misère. C'est difficile. Cependant on y réussit quelquefois en s'adressant à leur intelligence, en leur indiquant les ressources qu'ils peuvent trouver en eux-mêmes ; en leur inspirant de la confiance en Dieu et en leur destinée. Et, croyez-moi, vous aurez plus de mérite à cela qu'à les combler d'aumônes jusqu'à la fin de leurs jours.