Nouvelles IV
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Issu d'un milieu bourgeois et artiste, Prosper Mérimée fait des études de droit avant de s'intéresser à la littérature et de publier dès 1825 des textes, en particulier des nouvelles, qui le font connaître et lui vaudront d'être élu à l'Académie française en 1844. Proche de l'impératrice Eugénie, il est fait sénateur en 1853 et anime les salons de la cour, par exemple avec sa fameuse dictée en 1857. L’œuvre littéraire de Prosper Mérimée relève d'« une esthétique du peu » et son écriture se caractérise par la rapidité et l'absence de développements qui créent une narration efficace et un réalisme fonctionnel adaptés au genre de la nouvelle, mais ce style a parfois disqualifié les œuvres de Mérimée auxquelles on a reproché leur manque de relief, ainsi Victor Hugo qui écrit : « Le paysage était plat comme Mérimée ». Ce tome comprend les nouvelles La Partie de trictrac (1830), Le Vase étrusque (1830), Arsène Guillot (1844), Histoire de Rondino (1830), L'Abbé Aubain (1844), La Chambre bleue (1866), Djoûmane (1870), Il Viccolo di Madama Lucrezia (1846). Extrait : Le lendemain, Gabrielle fut aussi gaie qu'à l'ordinaire : on eût dit qu'elle avait déjà oublié la confidence de la veille. Pour Roger, il était devenu sombre, fantasque, bourru ; il sortait à peine de sa chambre, évitant ses amis, et passait souvent des journées entières sans adresser une parole à sa maîtresse. J'attribuais sa tristesse à une sensibilité honorable, mais excessive, et j'essayai plusieurs fois de le consoler ; mais il me renvoyait bien loin en affectant une grande indifférence pour son partner malheureux. Un jour même, il fit une sortie violente contre la nation hollandaise, et voulut me soutenir qu'il ne pouvait pas y avoir en Hollande un seul honnête homme. Cependant il s'informait en secret de la famille du lieutenant hollandais ; mais personne ne pouvait lui en donner des nouvelles.