Au creux des sillons
Auteur:
Dans ce premier recueil de nouvelles, l'abbé Raiche se présente comme un chaud partisan du régionalisme, sans épouser pour autant la cause de l'agriculturisme. Tout n'est pas rose à la campagne et les «habitants» sont parfois chicaniers, avares et bornés». Extrait : Un beau matin de la mi-juillet, une trentaine d'hommes robustes, avec leurs chevaux et leurs outils de défrichement, arrivèrent à la maison de Corriveau. C'étaient les fermiers voisins accompagnés de leurs grands fils. Ce contingent se dirigea vers le champ de souches calcinées. Les chevaux faisaient sonner leurs attelages et les hommes riaient à gorge déployée des plaisanteries faciles qu'ils échangeaient. Ce fut une ruée générale au dernier vestige de la forêt, qui cédait, vaincue devant tant de bras aux muscles saillants. Leur travail était prompt et effectif. On attachait un crochet au moyen d'une chaîne autour de la souche, et on faisait donner aux chevaux un fort coup qui arrachait l'arbre, fouillait le sol et laissait les racines à nu. Ces hommes se regardaient et riaient de se trouver si noirs du charbon de tant de branches carbonisées. Le travail progressait. Corriveau allait des uns aux autres, encourageait, félicitait et distribuait de grandes bolées de bière faite à la maison.